CALIBRE 12: Whiskey sans glace (2012)


Après l’album Dernière Salve de 2005, nous sommes heureux de constater que ce vieux flingue n’était qu’enrayé. CALIBRE 12 pétarade de nouveau, un feu d'artifice brillant de mille feux pour un southern boogie toujours nourri d’influences Skynyrd Hatchet Point Blank ZZ Top mais, fait nouveau, une belle inflexion Allman Bros se fait sentir ainsi qu’une parfaite cohésion due au line-up original du premier album A Bout Portant datant de 1998, c'est-à-dire aux six cordes John Molet et Jean-Marie Coron, à la basse Laurent Montero, à la batterie Jean-Luc Gautier et au chant Patrice Leblanc, et en invité un keyboardiste et un harmoniciste pour faire parler la poudre sur ce Whiskey sans Glace fort de quatorze titres de sudiste boogie, furibard, généreux sans compromis, sec comme un « Whiskey sans Glace », titre éponyme qui ouvre l’opus, bachique morceau au rythme Hatchet première mouture, où Doc Leblanc préconise pour les bleus à l’âme un seul anti-douleur : le whiskey sec sans iceberg. Puis déboule un « Tant Pis Pour Moi », qui sonne comme du pur Calibre 12, ensuite les Tourangeaux traversent le Rio Grande pour s’imprégner de riffs topiens, sur « Ça Va Morfler d’Enfer ». Du très bon swamp survient dans le titre « Dans le Milieu de la Nuit » bien baveux dans un style cher à Skynyrd. On continue avec « Fille de Rêve », un sautillant boogie, pour arriver à « Big John Boogie », « Alors Pars », et « Vie Conventionnelle » qui fonctionnent aussi très bien. Puis arrive la balle en plein front sur « Rendez moi mon Soleil », intro moteur quatre temps, puis démarrage façon « Good Clean Fun », des Allman Bros en plus rapide et incisif, guitares en harmonie, apport d’orgues, rien n’est oublié sur ce grandissime boogie qui narre les perfides servitudes de la vie qui éclipse notre soleil.

La suite est toujours dans une orientation southern rock boogie où Calibre 12 n’hésite pas à mettre le paquet. Du rythme à l’état brut et une force peu commune font qu’il est difficile de ne pas taper du pied à l’écoute de ce skeud, mais se trouve pris entre deux feux une merveille, « Le Ciel peut Attendre », à la finesse d’interprétation digne d’intérêt, du southern psyché mid-tempo avec ressac de mer en intro, lustré par des guitares craquantes aux lignes mélodiques sonnant Allman Bros. Je connaissais ce titre composé par John en version instrumentale, en écoute sur MySpace il y a quelques lunes. Une riche idée d’avoir mis des paroles dessus, il me rappelle le récent « Where Do You Turn » des Texas City Revelators. Amateurs de southern rock boogie, ce tourbillon de bonnes vibrations aux guitares juteuses n’attend que vous.

Jacques Dersigny